Tes mains s'effacent

Tes mains s’effacent // photographie

Le cœur bat. Seul. Mais il bat.
Et surtout il bat vite. Avec fougue, avec désir, avec puissance et régularité. Il ne s’arrêtera pas, c’est promis.
Je me souviens de tout. Les sensations, le fourmillement dans les membres, sous la peau, l’enchaînement des gestes, les gestes eux-mêmes. La pression de la main, lourde ou légère.
C’est selon.

 


[expositions]
Tes mains s’effacent
Musée de l’éternelle
Métamorphose 2016

[Edition]
Tes mains s’effacent
Arnaud Bizalion éditeur
2018

[Portfolio]
cartonné et entoilé, dorure sur la couverture
17 X 41 cm
13 tirages Fine Art sur papier Hahnemühle.

 

Texte critique

Laure Samama expérimente un face à face avec elle-même durant cet été 2014 dans la maison vide de Chartres. Son corps semble creuser la solitude qui l’entoure et évoquer l’amant dont les mains s’éloignent peu à peu et qui la lui rappellent douloureusement. 
Reste le monde des objets et la lumière qui les baigne où seules les taches de soleil viennent caresser son regard ; elle y accroche ses mots aux images qui scandent le rythme des jours. L’attente est latente avec les bruits que nous n’entendrons pas, juste le silence de cette chair rose comme une biche glacée. 
Elle parcourt l’espace intérieur vaste et libre, les pièces de l’enfermement et parfois s’évade dans la végétation qui reverdit, pourtant accompagné de squelettes d’arbres. 
Laure Samama explore la poésie de l’instant nu et l’écorce ouverte dans la mousse nous rappelle qu’ici « nul ne peut entrer », à part la boîte lumineuse qui reflète sa psyché et nous renvoie au double en lévitation qui la contemple dans le miroir. Ce dernier tisse sa toile entre deux mondes barrés du sceau de la décomposition et de l’œil mort du cerf ou de ses bois abandonnés. On court avec elle dans cette ballade mélancolique au plus proche des surfaces et de cette photographie nous renvoie à un univers sous-jacent, ténu en instance de renaissance.

Gilles Verneret est directeur artistique à la galerie du Bleu du ciel, photographe, enseignant.

“C’est une seule feuille pliée en huit comportant en son milieu une fente, comme une bouche, un appel d’air, une déchirure, une possibilité de lecture.” Ecrire, photographier, Laure Samama en majesté, Fabien Ribery, L’intervalle, 2018.