Trouer l'opacité

Trouer l’opacité // photographie

Un jour, j'ai perdu tout accès à la réalité du monde : je le voyais à travers une vitre sale et j'avais beau frotter, rien n'y faisait, je ne voyais rien. Ou mal. Ou pas suffisamment.
Le projet rend compte de ce cheminement depuis un monde sans relief ni perspective jusqu’à un paysage enfin décrypté. Une femme capable de lire du bout des doigts dans la matière blanche des livres m’y accompagne et m’y apprend comment lire les paysages.
Il est mon carnet de voyage dans les méandres de ma psyché, depuis les forêts ternes et sombres de mes peurs jusqu’aux possibles éblouissements à venir. Ces photographies parlent de moi, devenue photographe par la grâce de ces images.

[expositions]
Trouer l’opacité
Galerie VU’
décembre 2016 - janvier 2017


Trouer l’opacité
Maison de la photographie Robert Doisneau
juin - septembre 2018
https://vimeo.com/275997698


Attrape-songe

Médiathèque Edmond Rostan
septembre - novembre 2022
Café Gens d’image

 

Textes critiques et publications

Pour une photographie border-line, Jean-Emmanuel Denave, 2013

C'est en trouant alors l'image, voire la réalité, en suivant quelques sensations et associations d'idées, quelques traces de beauté, qu'alors, paradoxalement, un coin de voile pourra être levé. C'est peut-être dans la trouée de l'image que l'origine, l' «archè», viendra finalement et contre toute attente s'inscrire en négatif. Dans le cheminement même du désir «d'imager», son ressort et son origine s'inscriraient ainsi en lettres de lumière inversées. Il faut du manifeste pour que le latent se donne à «voir». Il faut créer des images pour que leur origine s'y projette en pointillés. L'ombre portée est alors tout aussi bien une ombre porteuse, un fondement. 

Jean-Emmanuel Denave est journaliste et critique d'art. Il écrit pour Le petit bulletin, Télérama, ainsi que pour des galeries d'art.


Laure Samama, photographe sans artifice, Frédérique Chapuis, Télérama, août 2018

Lors de ses prises de vue, elle ne déplace rien, n’ajoute rien, n’utilise aucun éclairage artificiel, mais attend juste la bonne lumière. Un bouquet et son ombre, un cygne la tête repliée sous son aile, une main qui retient des herbes sèches… : autant d’émotions fugitives, d’événements modestes, que Laure parvient à figer sur le papier. A propos du visuel qui a donné son titre à sa série et à l’exposition « Trouer l’opacité », elle dit : « L’image des arbres découpés par la lumière est apparue un matin à la faveur d’une trouée de soleil dans la forêt. J’ai fait une dizaine de photos pour être sûre d’avoir la bonne, puis la lumière a changé. Je savais qu’il s’agissait d’un moment unique.»


Extrait du catalogue de l’exposition Trouer l’opacité, Michael Houlette, à la Maison Doisneau, Gentilly, avril 2018

Si l’enregistrement vise à tisser un lien avec l’aspect tactile et concret des choses, l’association des images cherche quant à elle à reconstruire et à redonner sens au réel : “j’ai photographié la sidération, la sortie et la fin de cet état”.
La réunion de ces différentes photographies “génèrent du bruit” souligne l’auteure. Les sujets (sans doute devrions-nous davantage parler de signaux), les textures et les variations de lumières qui composent les images de Laure Samama, l’organisation même de ces images, génèrent une sorte de discours, comme une suite de pensées. La photographie ici n’est pas ce miroir entendu de la réalité, elle est davantage une chambre d’écho de sensations enfouies. Elle est un indice d’une résonance intérieure avec le monde, un passage pour une possible et fragile source d’émerveillement.
Michael Houlette est directeur de la Maison Doisneau.


Trouer l’opacité, une série photographique de Laure Samama, 9Lives magazine.

Le titre de l’exposition s’inspire d’une série éponyme réalisée par Laure Samama en 2014. L’absence, la passivité, ressenties par l’auteure à une période de sa vie, en sont le point de départ : « Un jour je suis devenue extérieure au monde, j’étais spectatrice et incapable de toucher les choses. » Autant de sentiments et de sensations que l’artiste décida de traduire en photographie, notamment à travers des paysages, qui ont toujours été pour elle des lieux de refuge, de connexion et de spiritualité. Paysages qui apparaissent alors comme une écriture en braille, mais exclusivement destinée aux yeux. Ici, un écran lumineux s’éteint et se rallume, comme si un rayon de soleil se frayait un chemin dans l’image. Là, le paysage est si réel qu’il nous enveloppe, nous entraîne dans ses méandres. « Je voulais retrouver un sentiment d’appartenance », explique Laure Samama. Sa quête de l’essentiel.” Dans le sillage du grand Doisneau, Le Parisien du 25 juillet 2018.

Imprévisibles émotions, M. Maudieu, ArtsHebdoMédias, juillet 2018.

Dans la surface de réparation du réel, par Christian Gattinoni, La Critique.org, juillet 2018.

Entretien pour la web tv du Val de Marne, juin 2018.

Interview pour l’exposition à la Maison Doisneau, par Anne-Frédérique Fer, France Fine Art, 2018.

Interview pour l’exposition à la Galerie Vu, par Anne-Frédérique Fer, France Fine Art, 2016.