Publications
[Publications dans des ouvrages collectifs]
Quelqu’un
revue L’air de rien, éditions de l’aigrette, décembre 2021
“Quelqu’un m’attend.
Quelqu’un qui a des yeux, un nez, des oreilles, des cheveux, des dents, des genoux et deux mains.
Quelqu’un qui a tout ça et d’autres choses encore
m’attend.”
Danaé
Les caresses, Deux points, décembre 2020
“L’homme est entré pendant mon sommeil, j’ai entendu la clé tourner dans la serrure et la porte s’ouvrir. Depuis le temps que j’étais recluse dans cette tour, j’étais presque contente que quelqu’un vienne, même si c’était la nuit, même si je n’avais pas été prévenue, même si je n’attendais personne.”
Il n’en était rien
Rue Saint-Ambroise, n°45, septembre 2020
“Etre assis au bord de l’eau, voilà ce que l’enfant préférait. Il entrait dans les bois et s’arrêtait au pied d’un saule, dans un lieu qui l’attendait, si l’on ose imaginer qu’une rive, du sable, quelques racines puissent attendre un autre. La clairière restait silencieuse le temps de son installation. Puis, l’arbre laissait ses branches se balancer à nouveau, les pépiements reprenaient, les poissons d’eau douce sautaient pour attraper des mouches. L’enfant croyait que les animaux de la forêt s’adressaient à lui.”
Ça dit encore
L’allume-feu, n°5, juillet 2020
“Tu es prunelle cheveux fous et torse glabre doigts qui cherchent langue qui explore jambes emmêlées tu te désapes et ça dérape
dans ma
tête
dans mon
cœur
dans mon
ventre”
Sous ma langue
Spasme, n°4, octobre 2019
“Il comprendra que je suis toute à lui, dans cette haleine chaude et moite, dans cette chambre baignée de lumière, dans cet après-midi qui n’en finit pas, aux prises avec ce temps étiré qui nous laisse abasourdis à la venue de l’obscurité : on pensait que le soleil jamais ne cesserait de filtrer à travers les rideaux et pourtant, c’est déjà la nuit.”
Devenir enfant
L’allume-feu, n°4, octobre 2019
“À la maison, nous étions soumises au diktat du Père. Il arrivait que ma mère pousse quelques cris, que ma sœur claque quelques portes, mais moi, rien. Je croyais que les filles avaient pour devoir de se laisser dévorer. Je ne me rebellais pas, je ne formulais aucun désir, il ne serait jamais exaucé, voir, pire, c’est le contraire qui arriverait, je pris le parti de la disparition.”
Premier dilemme
Sur la page, abandonnés - Vol 3, Anthologie 2019, éditions Extensible
“J’ai 5 ans, la maîtresse écrit des mots au tableau. Elle s’assoit. Elle attend. Les enfants se lèvent un à un, forment une file devant son bureau et lui disent à l’oreille la phrase qu’ils ont lue. Bientôt ne reste plus que quelques enfants assis à leur place, ceux dont les parents ne leur ont pas appris à lire. J’en fais partie et j’ai honte. J’essaie de disparaître sous la table, dans le mur, dans l’espace, rien n’y fait. Je suis là et je ne sais pas.”
Il pleut
Spasme, n°3, avril 2019
“Je la porterai jusqu’au lit et mes paumes glisseront sur sa peau nue. De ma main aux doigts bien écartés et trempés de sang, je marquerai la toile fine des draps. Peut-être même le mur, comme à Lascaux.”
Les seins blancs
Spasme, n°2, octobre 2018
“La première regarde ses mains dans la lueur blafarde du réverbère qui inonde la petite chambre sur rue et décide de les approcher du corps dont on ne perçoit que les épaules nues et le renflement qu’il fait sous le drap. Elle ne touche pas les épaules. Elle reste loin du dos. Elle attend le moment, la distance juste. Elle attend que le ventre s’offre.”
Pour le plaisir de continuer à lire Laure Samama, le lecteur peut tenter de se procurer rapidement (200 exemplaires numérotés seulement) le deuxième numéro de la très élégante revue de littérature érotique Spasme – mention spéciale pour les dessins très fins illustrant cet opuscule, notamment ceux du dénommé Machine Libre.
Ecrire, photographier, Laure Samama en majesté
Fabien Ribery, l’intervalle, 28 novembre 2018
La collection Marval
Les expériences photographiques : ici
Le regard de la femme aux longs cheveux bruns était resté intact, vingt ans plus tard, il traversait les épaisseurs du temps et venait m’attraper une fois encore au creux du ventre, là où gêne et fascination se mêlent. Avais-je le droit de la regarder ainsi ? Elle me fixait avec la même intensité que le jour où je l’avais découverte pour la première fois. Nue, debout devant son canapé fleuri. Ses doigts tiraient toujours sur l’une de ses mèches. Elle n’avait pas changé. De même que l’émotion initiale. Le souvenir était comme encapsulé dans l’image. Je n'avais rien oublié.
Lecture de Broyer l’oiseau, Pages ouvertes, Paris 19, Juin 2019
Lecture de Rien, Palais de Tokyo, février 2019.
Lecture Les seins blancs, table ronde : Inséminer l’imaginaire, Salon de la revue, octobre 2018.